Quel aboutissement pour la révolution Tunisienne?

 Dans cet article, j'expose un scénario qui me semble machiavélique pour le retour de l'ancienne classe politique au pouvoir en Tunisie. Je ne suis pas fan de la théorie de conspiration et de la franc maçonnerie mais ce que nous vivons semble être beau (je ne sais même pas déjà si c'est aussi beau) pour être vrai. 

S'agit-il vraiment d'une révolution?

Au départ, le choix du mot révolution me semble très exagéré. Il s'agit d'un mensonge alimenté par des média encore biaisés que nous avons fini par croire. Je me pose énormément de questions sur ce qui est passé entre le 9 et le 14 Janvier 2011. Parmi les questions auxquelles je songe, le RCD n'était-t-il pas capable de mobiliser 100 mille personnes le 14 qui auraient pues occuper l'avenue Habib Bourguiba? Qui a donné l'ordre aux forces spéciales pour arrêter les Trabelsi? Et j'en passe, ...

Le président déchu Ben Ali n'est plus en Tunisie. Et depuis, qu'est ce qui s'est passé? Un plan pour faire revenir une classe politique au pouvoir? Qui sont-ils et que veulent ils? Quel avenir pour la Tunisie?

Pourquoi le RCD a-t-il été dissolu? 

La dissolution du RCD a créé une confusion totale auprès de la population. Si on part du principe que le RCD est l'ennemi du peuple Tunisien, nous avons transformé notre ennemi visible en plusieurs ennemis invisibles dont on ignore le poids, l'existence et les intensions. On parle maintenant de dizaines de partis créés par les anciens membres du RCD et qui sont actifs. Pendant ces dernières élections, plusieurs Tunisiens ont voté pour des fidèles de l'ancien régime sans le savoir. Je souligne ici que la dissolution du RCD était une demande populaire qui a été exhaussée et dont le peuple a accueilli avec beaucoup de joie et dont on a glorifié l'initiateur (Farhat Rajhi - ministre de l'intérieur).

Avons nous besoin d'une assemblé constituante?

La réponse est un NON catégorique. La constitution de 1959 est une constituante excellente. On aurait pu annuler toutes les articles introduits par ZABA et confier à la commission de Iadh Ben Achour de l'améliorer pour la ratifier par un référendum. Nous savons tous que le problème n'est pas dans la constitution elle même mais dans les personnes qui veillaient sur l'application des lois. L'assemblée constituante a été une demande populaire et sa formation est une victoire pour la volonté du peuple. Mais, en contre partie, cette idée de réécrire la constitution a donné le temps au RCD pour s'organiser et peut maintenir le pays dans l'instabilité pour quelques mois voire années. Plus le temps passe, plus le danger de l'ancien régime est oublié.

Un plan pour décrédibiliser l'opposition démocratique

Historiquement, le PDP, le parti Ettajdid et les autres forces progressistes avec le POCT et les militants pour les droits de l'homme faisaient avec les islamistes d'Ennahdha les principaux opposant de BenAli. Ces trois partis jouissaient principalement de beaucoup de soutien populaire. L'étape du 14 Janvier au 23 Octobre a connu un plan organisé pour ternir l'image de ces partis devant le peuple Tunisien. Cette tache a été réalisé avec succès par les pages salafistes et Nahdhaouis et quelques média et principalement Nesma. Cette dernière malgré qu'elle donne l'impression de soutenir les forces modernistes et progressistes a détruit l'image du PDM et PDP. Elle a aussi offert le pays sur un plateau avec ses débats sur l'Islam et la projection du film persepolis. Le constat est apparent : au bout de quelques mois, le militant Ahmed Néjib Chebbi est devenu l'opportuniste et allié du RCD. Le PDM et Ahmed Brahim sont les ennemis de l'islam et des musulmans. Hamma Hammami est un athé communiste qui veut le mal au pays.

La victoire d'Ennahdha/CPR est un cadeau empoisonné

La victoire d'Ennahdha a été lui aussi commandité. La chaine Nessma y a contribué énormément comme expliqué plus haut. Même l'ISIE a fermé les yeux sur plusieurs dépassement en cours de la campagne et le jour même du vote. Le scrutin a donné la victoire à Ennahdha et au CPR et c'était la volonté du peuple. Leur victoire constitue même une victoire pour la révolution car les élections contre-révolutionnaire ont donné la victoire aux opposants les plus farouches à l'ancien régime. C'était la moitié pleine du verre. Passons à la moitié vide:

 La victoire spectaculaire d'Ennahdha, même si elle a profité à un tier de la population, a laissé le reste dans un état d'inquiétude. Certaines classes de la population en sont même devenu dépressifs. La moitié de la population qui a voté Ennahdha et le CPR a voté probablement pour créer une coupure avec l'ancien régime. Malheureusement, une bonne partie est déjà déçu à la vue de Hamadi Jbali s'asseoir avec Kamel Eltaief et Béja Caid Essebssi deux symboles des régimes de Bourguiba et Ben Ali. Ils seront encore plus déçu avec Béja Caid Essebssi président ou Habib Essid ministre de l'intérieur.

Ennahdha opère aussi dans un milieu très hostile avec toute l'administration et plus que la moitié de la population sur son dos. Elle ne pourra pas prendre des mesures audacieuse de peur d'un phénomène de rejet. Supposons par exemple qu'Ennahdha veut nettoyer ou faire une réforme dans un ministère en renvoyant quelques directeurs corrompu. Cette mesure ne sera pas vu comme mesure dans un cadre de lutte anti-corruption  mais plutôt une tentative d'Ennahdha pour contrôler l'appareil de l'état. Une partie de la population soutiendra même des corrompus afin de contrer Ennahdha. Cette dernière ne pourra pas aussi mobiliser la rue car ceci va rappeler les erreurs commise par le parti en 1989. En plus, la masse électorale d'Ennahdha n'est pas politisé. Elle a voté pour l'Islam ou contre aides ou par protestation. La mobilisation de radicaux ne pourra que faire perdre Ennahdha ses sympathisants modérés et justifier une nouvelle répression.

Bref, Ennahdha est dans la trappe, ils le savent et c'est pour cela ils mendient pour pouvoir faire un gouvernement d'union nationale et diluer la responsabilité entre les différents acteurs.

Conclusion, Ennahdha pourrait laisser sa peau pendant l'épreuve de la constituante. Dans les meilleurs des cas elle sortira plus faible.

Que cherche le peuple?

La majeure préoccupation du Tunisien est son bien être, son confort économique, sa poche en d'autres termes. L'instabilité du pays pendant quelques mois/années va engendrer une dégradation de la qualité de vie (rue sales, hausses des prix). En plus, la population démunie va regretter le rôle humanitaire important que faisait le RCD à travers la distribution des dons (moutons, vêtements, produits alimentaires). 

La suite!

Assisterons-nous au retour des Doustouriens par la grande porte via des élections libres et transparentes contrôlées par la société civile et des contrôleurs internationaux? Probablement, oui et ça commencera par des élections municipales et présidentielles peut être. A titre d'exemple, en fin 2012, dans des présidentielles à deux tours, nous pourrons élire Kamel Morjane (que je respecte beaucoup d'ailleurs) en toute notre conscience en âme.

J'ai un fort pré-sentiment que ce que je dis est vrai, j'en suis convaincu du moins. J'irai plus loin même pour me demander qu'est-ce que ces gens nous réservent? Quel programme ont-ils? que sera la nouvelle Tunisie dans quelques années? Je ne blâme pas les gagnants mais un peuple qui a raté un rendez-vous avec l'histoire pour suivre des imposteurs.


Merci de me reporter toutes les fautes de grammaire et orthographe