J’ai encore la casette – qui a beaucoup circulé à Tunis – du discours d’Abdelfattah Mourou, à l’époque numéro deux d’Ennahdha (parti politique islamiste tunisien, non reconnu officiellement par le gouvernement), dans une réunion d’islamistes tenue en 1988 à Londres. En réponse à la question d’un islamiste du Machrek qui reproche aux islamistes tunisiens de se dire démocrates, il rappelle qu’ils agissent dans un milieu particulier, à savoir le peuple tunisien, chez qui l’idée démocratique est très répandue. Il ajoute que s’ils ne veulent pas être rejetés par ce peuple, ils doivent s’adapter. D’autant plus qu’un discours démocratique permet de s’assurer l’appui de l’Occident, soutien utile pendant les périodes de répression. Et de conclure que, du moment que le peuple est musulman et qu’ils représentent l’islam, le fait que les gouvernants soient désignés par le suffrage universel ne peut que les arranger. C’est donc l’aveu que ce parti a adopté le mot d’ordre démocratique par pur opportunisme. Comme si la démocratie était une simple règle de mécanique électorale »
Mohamed Charfi, "Mon combat pour les lumières"
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