Dans l'euphorie révolutionnaire, le parti Ennahdha se croyait et s’était proclamé seul défenseur de la religion musulmane et en a fait un fond de commerce pour gagner les élections du 23 Octobre. Faute de programme électoral et politique, et il n’est pas le seul dans ce défaut, le parti Ennahdha a réussi à transformer un débat politique à un débat idéologique identitaire. Ennahdha a réussi à projeter le débat et la bataille à un terrain là où elle est favorite. Elle a mobilisé pour cela une armée sur facebook qui a diffamé les opposants et les a accusé de mécréante, de laïque, gauchiste et ennemis de la religion. Ennahdha a profité de cette marge d’avance et a gagné brillamment les élections du 23 Octobre.
Apres le 23 Octobre, les choses ont changé. Ennahdha n’est plus un parti en clandestinité ou en campagne électorale. Ennahdha est maintenant au pouvoir dans un pays que tout le monde observe. Ennahdha est sous les projecteurs des américains, européens et tout le monde arabe. Les choses sérieuses ont commencé. Maintenant, il ne s’agit plus de promesses mais des réalisations. Elle récupère un pays appauvri par la corruption et la révolution et un grand chantier à reconstruire. La population attend les promesses du parti : des centaines de milliers d’emplois et de géants investissement provenant du Qatar et la Libye. Le champ est bien miné. En effet, vu son appartenance idéologique islamiste, elle ne jouit que de la moitié de la population au meilleur des cas. Le reste de la population la regarde avec beaucoup de méfiance voire haine. Le scénario Iranien est toujours dans l’esprit. Les dirigeants du parti n’ont fait qu’accentuer ce sentiment par leur double discours, leur arrogance et leur silence devant les abus de la base du parti.
A mon avis, Ennahdha n’avait pas l’intention de créer un état théologique. La religion n’était qu’un prétexte électoral et un moyen pour conquérir de l’électorat. En plus, elle était sous la pression américaine voulant faire d’elle un exemple d’islam politique modéré qu’elle veut exporter. Ennahdha a présenté plusieurs garanties pendant la campagne électorale quant à un état civique et non religieux et quant aux libertés. En gros, elle a assuré qu’elle n’a pas l’intention de changer l’image du pays et qu’elle respecte la démocratie.
Pendant ce temps là, un autre acteur émergeait dans la scène politique tunisienne. Les salafistes et le parti Ettahrir gagnent de plus en plus de terrain. Ils ont profité de plusieurs facteurs :
- Le silence du gouvernement de Béji Caid Essebssi qui n’a pas voulu réagir pour ne pas mettre Ennahdha dans une situation de victime et pour faire peur les modérés d’Ennahdha de la possible monté de l’intégrisme en Tunisie.
- Le silence du parti Ennahdha qui a voulu récupérer le maximum de voix de cette classe étant donné qu’elle n’est représentée par aucun parti politique.
- Le poids des faucons d’Ennahdha comme Sadok Chourou et Habib Ellouz et leur rapprochement des milieux salafistes.
- Ennahdha est en train d’éviter un possible choc entre les réformateurs et les conservateur ou l’aile modéré et l’aile dure pour sauver les meubles de la maison.
- Un soutien étranger et plus exactement saoudien. La rivalité entre saoudiens wahabistes et les qatariens soutenant les frères musulmans est de plus en plus apparente.
La pression des salafistes sur Ennahdha prend de plus en plus d’ampleur. Ils sont en train de “déshabiller” Ennahdha de sa couverture islamique et de l’embarrasser en poussant dans la radicalisation. Des actions comme celle du drapeau ont mis Ennahdha dans l’embarras. En plus, certaines forces de l’intérieur et de l’extérieur sont en train de mettre le conflit entre modérés et les durs dans l’ordre du jour du parti Ennahdha. Cette dernière se voit maintenant obligé de faire des choix qu’elle est en train de reporter depuis leur retour sur la scène politique.
Les deux affaires principales dans lesquelles Ennahdha doit se prononcer sont : l’application la chariâ et réagir à l’encontre de la violence et les abus. Le parti est entre deux feux. D’un côté, il y a sa base dure qui s’attend d’elle la réalisation de ses promesses faites loin des caméras. Cette base est la plus active. De l’autre côté, il y a la base modérés, les tunisiens qui ont cru aux garanties du parti, la société civile et la communauté internationale. En plus, ce qui se passe et se passera aura un impact sur l’économie et surtout le tourisme et l’investissement étranger en Tunisie. En cas de réaction policière à certains abus, cela serait perçu comme un recours au zabatisme.
Le choc semble éminent. Plusieurs indices sont là. Dans cette semaine, il y a eu déjà Rached Ghannouchi qui clashe sur le parti Ettahrir [lien 1] et l’accusation des imams de Sfax contre le porteurs de drapeaux noirs qualifiés d’intrus [lien 2]. L’accident majeur est l’accusation de Abdelfattah Mourou de mécréance [lien 3], son expulsion d’une mosquée et les menaces de mort. Mourou est une figue emblématique d’Ennahdha et un de ses fondateurs.
Le congres d’Ennahdha dans trois mois répondra à beaucoup de ces questions.
Un texte bien structuré, et des idées claires. Cependant ce qui fait la crédibilité et par conséquent le succès du parti Ennahdha, sont ces gens simples d'esprit, qui croient que le parti est le prédicateur et le sauveur de l'islam en terre tunisienne!
RépondreSupprimerC'est vraiment ce qui se passe.
RépondreSupprimerMais concernant l'histoire que Ennahdha est sous la pression américaine, je crois que n'importe quel gouvernement serait sous cette pression, enfin même si c'est pas la pression américaine ça serait une pression européenne ou autre.
Tant qu'on est pauvre on ne sera pas indépendant.
Il faut cibler les pro-nahdha qui, en général, ne lisent jamais un tel article, au contraire depuis le titre, ils t'accuseront de "mécréant, de laïque, gauchiste et ennemis de la religion!". Le problème est plus grand que l'effet d'un parti, le peuple craint d'être accusé de mécréant", il n'ose pas croire qu'on pas besoin de partis pour défendre notre religion.
Je pense qu'il y a quelques chose qui de prépare, je le sens venir dans l'air. On verra après la journée du 20 Mars. Comme vous dite le choc est très proche, ennahda est prise entre deux feux, ceci dit tant que les simplets qui l'on voté ne bougerons pas, les plus radicaux mèneront toujours la danse. En attendat, le pays est paralysé économiquement et la troika n'a pas de solution, ce gouvernement ne fait rien, j'ai l'impession de voir un cirque avec toute les bourdes diplomatiques et autres...
RépondreSupprimeret c'est quoi la solution d'après vous? et qui aurait la solution en tout cas tout ce que vous faites c'est relater les faits d'une façon biaisée reposant sur une vision remplie de haine et de subjectivité. La gauche aliénée aurait peut être la solution...le ridicule ne tue pas.
Supprimer@ Anonyme, je n'ai de haine à personne mon ami, au contraire. Des gens dans ma famille on voté Enahda d'autres CPR et ça ne m'a pas empéché d'avoir un regard critique sur ce qui se passe avec le gouvernement actuel. Les références politiques ne compte pas pour moi ce qui compte c'est les résultats et les faits! et maintenant je veut savoir en quoi ma vision est biaisée et subjective? et en quoi je serais aliéné? walla lazem il bendir 5addem bech nwalli tounsi Assil?
Supprimeroui bien vu
RépondreSupprimerExcellent jet !
RépondreSupprimerPour moi, il ne faut jamais sous estimer la part de la Stupidité.
Etant un bon analyste, tu as tendance à vouloir quadriller les choses et à ne pas prendre en compte cet élément.