27 novembre 2011

L'hiver chaud de Tunis

Voilà presque une année presque depuis la révolution et le bilan est cauchemardesque. 

L'économie est en ruine et tous les secteurs sont paralysés par des mouvements sociaux et de grèves interminables. Plus sombre encore, certains mouvements sont associés par des violences et détérioration de l'infrastructure (Sidi Bouzid et Gafsa et Kasserine en octobre et novembre).  Le chômage, une des raisons majeures du soulèvement populaire à Sidi Bouzid en décembre, est en train d'augmenter avec les pertes de postes d'emploi, les nouveaux diplômés de la promotion 2011 et décroissance de l'investissement étranger et national face à l’instabilité politique et sécuritaire. Des bilans pessimistes parlent d'un million de chômeurs en fin Q1 2012. Le taux de pauvreté est en train de croître avec une vitesse énorme. Bientôt, l'hiver avec son froid assassin est à la porte dans le nord ouest et les victimes de la nature sont encore sans toit. Les photos circulent partout sur internet de ces enfants sans souliers, de familles vivants dans une seule chambre avec des bêtes. Mon cœur s'arrache en voyant des tunisiens chercher leurs vivres dans les poubelles des autres et se couvrir de sacs de semoules. Une partie de la population est sans travail, sans nourriture suffisante ni accès aux soins basiques. Même la vague de conscience humanitaire post-révolutionnaire n'était qu'une bulle. Nous avons atteint un stade de voyeurisme au point qu'on fait du tourisme humanitaire et qu'on se réjouir de voir la misère des autres. Le coût de la vie est en train de flamber également. Les prix des matières nécessaires comme l'énergie, le sucre, le lait, les œufs ne cessent pas d'augmenter. Un œuf est maintenant à la barre des 200 millimes.

J'ai vu des manifestations partout à Tunis et partout défendre toutes les causes. Nous nous sommes manifesté contre la mort de Oussama Ben Laden, contre l'exécution d'un tunisien parti en Irak pour le djihad, contre les dessins animés, contre l'extradition d'un responsable libyen, pour le droit du peuple libyen, syrien, pour les laïques et pour et contre les mères célibataires. Demain, on manifestera encore contre un demi sein en l'air apparu sur la une d'un magasine. Personne n'a pensé à ces pauvres tunisiens à l'intérieur, à leur misère. 25% des tunisiens vivent sous le seuil de la pauvreté maintenant. Leur misère risque d'augmenter tant que nous discutons des sujets et des thèmes futiles et échappons le cœur du sujet. Le premier coupable, un peuple non prêt pour la démocratie et la liberté et une classe politique opportuniste qui ne pense à ses intérêts et aux intérêts de ses sponsors français, américains, qatariens où encore bourgeois locaux et voulant appliquer leurs programmes venant de Chine, USA ou encore de l'Iran et l’Afghanistan. 

La vie quotidienne du tunisien est devenu plus pénible. Avec le rôle timide des forces de l'ordre, la conduite dans nos routes est devenue très risquée et la loi de la jungle domine. Même quand le feu est vert, on traverse avec beaucoup de prudence et de peur d'un automobiliste imprudent. Les accidents et les agressions se sont multipliés et le bilan humain et matériel est énorme. Nos rues sont également devenues sales devant les grèves sauvages des agents municipaux. En parlant de municipalités, elles sont dépourvues depuis une année de conseils légitimes qui représentent le peuple. Les Rcdistes qui tenaient les communes ont disparus dans la nature laissant la vide à des gens inconnus généralement issues des milices des conseils de sauvegarde de la révolution. 

Sommes nous plus libres après le 14 Janvier? Certainement non! Nous avons gagner quelques libertés comme s'exprimer en politique, former des partis et association et de critiquer ce qui ne va pas bien. En contre partie, nous sommes en train de perdre beaucoup de nos droit basiques. Nos déplacements sont de plus en plus restreints à cause des grèves et sit-in qui coupent les routes et de l'insécurité et des couvres feu. Dans les entreprises, les ouvriers refusant de faire la grève se voient agressé par leur coéquipiers. Et oui, le droit d'agresser est préservé en Tunisie maintenant.

Dans les rues et les écoles, des groupes sont en train d'imposer aux autres un code vestimentaire et comportemental particulier. Le recours à la violence est aussi devenu systématique. En deux mots, nous sommes passé la dictature de l'individu à la dictature d'un groupe et de la violence de l'état à la violence de l’individu.
La révolution a oublié d'emporter avec elle la corruption. En effet, la justice avec la contribution des ténors de l'opposition à l'instar Chokri Belaid, Radhia Nasraoui et Abdelfattah Mourou ont acquitté la majorité des hommes d'affaires liés du clan Ben Ali. Des figures proches de l'ancien régime s'invitent de plus en plus à nos plateaux télés et multiplient leurs apparitions publiques comme Hédi Jilani, Borhène Bssaies. Les pistons et les pots de vins sont encore d'actualité car déjà entré dans nos mœurs. Comme un français rédige un CV, un tunisien cherche un piston pour accéder à une fonction. Ça ne fait pas de mal tant que les chances sont égales, tout le monde use des mêmes moyens contournés.

Des directeurs et responsables corrompus issus de l'ancien régime ont maintenu leurs postes sans rendre de compte. Pire encore, beaucoup d'incompétents sont montés dans l'hiérarchie par la loi du dégage et des règlements de compte à une échelle très large.  Je donne l'exemple du ministère de l'éducation nationale. Le ministre Taieb Baccouche a démis tous les directeurs et les surveillants et a monté des commissions pour élire les remplaçants. Les syndicalistes ont été les majoritaires de ces commissions et ont transformé nos écoles en tribunaux populaires. Beaucoup d'écoles ont repris les cours en retard et les emplois de temps n'ont pas été préparé au début de l'année. Beaucoup de Tunisiens devenus marchands de guerre se sont aussi enrichi derrière la guerre libyenne privant leur concitoyens d'eau potable et de lait.

Nos média n'ont pas été touchés par le vent révolutionnaire. Ils sont toujours dans le camp du plus fort. Au départ c'était le peuple qu'on a trompé en lui faisant croire qu'il est héros, civilisé et auteur d'une révolution qui n'est pas l'acteur principal et déterminant. Ensuite, c'est vers Ennahdha et ses alliés que les cœurs, voix et plumes de nos chères journalistes ont balancé. Comment peut-on faire confiance à des média qui gardent encore un certain Samir Wafi, un journaliste dont le niveau ne dépasse pas des interviews avec Fatma Boussaha et Hédi Habbouba et qui a été décoré par des cellules RCD qui après accuser un militant comme Ahmed Néjib Chebbi de coopérer avec l'ancien régime? Salah Hajja quand à lui, commence par faire l'éloge de son héros Général qui a dit non, je réjouit du Khalife et finit par pleurer le discours d'adieu de Mbazâa. Al Chourouk, Hadath et leurs dérivés nous régalent chaque jour de titre en gras sur la souffrance du Cheick et le militantisme de Monsieur le président. Nos média sont encore en train de nous cacher la vérité, la preuve tout le mal de notre société est encore affecté à une minorité inconnue qu'on appelle fiaa dhalla ou mondassin ou encore azlem alnidham al sabak.
Nous avons fait des élections réussites sur tous les plans. C'est que relayent nos média qui ont fait comment des parents qui ont insister à terminer une cérémonie de mariage malgré que les mariés se sont déjà disputés de crainte des regards moqueurs des voisins. Il fallu présenter cette échéance électorale comme réussie malgré les échecs et dépassements car tout le monde nous regarde. Je ne défend pas les perdants et je dénigre pas la victoire des gagnants mais même si les urnes n'ont pas été changé cette fois, il y a eux des dépassement grave sur le financement et les nominations des bureaux régionaux et des observateurs. Beaucoup de bureau ont aussi fermé les yeux devant des partis qui ont influencé les votes jusqu'au urnes.

Mon bilan est sombre certes, mais le pire est à venir.  Je me pose plusieurs questions quant à ce que nous préparent les nouveaux hommes forts de Tunis et la réactions des anciens maitres de Carthage qui ne se sont pas encore manifestés et qui mène peut être actuellement une guerre par procuration par le biais de l'UGTT. La pétition populaire est peut être leur cheval de Troie. L'hiver sera froid pour nos concitoyens sans chauffage et vêtements et couvertures suffisantes, mais sera certainement chaud en terme d'évènements et crises.

Mon message est que tunisiens et tunisiennes indépendament de leurs appartenances doivent se serrer les coudes, s'unir pour un unique objectif : la gloire de notre patrie et la prospérité pour tous ces concitoyens!  Laissons à côté nos égos et nos idéologies, pensons à tout ces martyrs qui ont pays leur sang pour que nous jouissons de cet instant de liberté. Faisons de notre Tunisie, un pays meilleur pour tous sans exception.



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