29 septembre 2012

La nostalgie à l'ère Ben Ali

Les gens dans mon pays sont de plus en plus nostalgiques à l'ère Ben Ali. Avant, ils étaient discrets. Maintenant, ils ne le cachent plus. On les entend l'exprimer dans les boutiques, les commerces, les taxis et dans les rues sales de nos villes. C'est le signe le plus clair sur l'échec de ce qu'on appelle la révolution tunisienne. Le même peuple qui est sorti dans la rue il y a deux ans pour chasser le dictateur le regrette maintenant.

Pour trouver les raisons de cette nostalgie, il suffit de se demander pourquoi les gens se sont révoltés contre Ben Ali et comparer ça sur la situation actuelle. Les tunisiens se sont révoltés contre l'injustice, la corruption, la torture et le népotisme. Qu'en est-il maintenant en Tunisie?

Le premier échec de l'alliance gouvernante est la justice transitionnelle. Sur les 23 ans de torture, de crimes, de vol, viol et pillage des ressources du pays, aucun responsable n'a été sérieusement jugé. Aucun effort n'a été entrepris sur ce sujet sur le plan pratique, institutionnel et législatif. Même les quelques responsables actuellement arrêtés à l'Aouina, ils ne sont que des boucs émissaires. Les vrais coupables jouissent de la protection de pays alliés des islamistes au pouvoir. Aucun effort sérieux n'a été entrepris pour les rapparier et juger ni récupérer les fonds volés. La justice transitionnelle se résume chez les islamistes en prendre leur part du gâteau à travers des indemnisations.

A travers des nominations scandaleuses comme Rafik Abdessalem à la tête de la diplomatie, la fille d'un ministre en qualité de conseillère au ministère de la femme peut-on encore reprocher à Ben Ali son népotisme? En plus, il ne s'agit pas des seuls cas de népotisme et clientélisme. Récemment, un marché public a été octroyé à un proche d'un ministre. Les nominations de diplomates ont bénéficié à plusieurs membres de l'alliance au pouvoir. Les ministres et les conseillers se disputent entre eux pour avoir des voitures et en font mauvais usage.

Le quotidien du tunisien n'a pas changé. On vit encore les mêmes bavures policières et les scandales n'arrêtent pas dans ce sens. Le dernier est le viol d'une fille qui sera jugée pour atteinte à la pudeur après. L'ombre de la justice expéditive et biaisée de Ben Ali persiste encore et la justice est encore dans les mains de l'exécutif. L'alliance gouvernante utilise les mêmes hommes de Ben Ali qu'on croyait qu'elle allait juger. Elle en sélectionne les plus fidèles et loyalistes.

Nous sommes tous simplement de la dictature du changement à celle de la légitimité.

La deuxième question importante à se poser est pourquoi les tunisiens ont attendu 23 ans. La réponse est simple, Ben Ali a réussi à instaurer une certaine aisance économique, une pseudo richesse par le biais de programmes comme la voiture populaire et l'ordinateur familial. Le RCD avait un organe qui jouait le rôle de la société civile et des associations caritatives et distribuer des dons pendant les rentrées scolaires et les fêtes religieuses. Il a également réussi à presser sur les prix et donc protéger le pouvoir d'achat des tunisiens. Ben Ali a payé cher les retombées de la première crise économique mondiale. 

Maintenant, l'inflation est aux nivaux les plus hauts dans l'histoire moderne du pays. La vie est de plus en plus chère et les hausses touchent tous les secteurs. La misère du Tunisien a augmenté.

Regretter Ben Ali est vraiment triste. Cependant, peut-on reprocher ceci à un père de famille devenu incapable d'assumer les charges de sa famille et qui n'a rien vu de cette "démocratie" naissante.



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