20 janvier 2012

Une pensée à une femme militante

Elle cherche son chemin dans les ruelles de la médina péniblement, elle qui a presque perdu sa vue à cause d'une maladie qu'elle n'a pas pu soigner. Tout cela s'est passé faute d'argent et de couverture sociale. Elle revient du Kram après une longue journée qu'elle a passé à astiquer le sol d'une villa de riches pour quelques dinars. Elle pense à ses quartes enfants qu'elle a enfermés à la maison. Quelle maison? Une chambre qu'elle occupe avec ses enfants et une cuisine dans laquelle elle a du mal à tourner entre son réfrigérateur en panne depuis des années et dont elle se sert encore comme étagères et son gaz. 


 Sihem a perdu il y a 5 ans son mari mort victime d'un arrêt cardiaque. Elle a failli perdre avec lui son fils encore traumatisé. En effet, il a vu son père mourir dans ses bras et il est resté collé à son corps froid. Son frère cadet parle à peine malgré ses 5 ans parce que sa mère ne peut payer un orthophoniste et parce qu'il a mal à accepter les conditions misérables qu'il vit. Il entend toujours parler d'un papa qu'il n' jamais vu même dans les photos car l'unique photo que le père à pris est sur sa carte d'identité et est trop petite pour la perception du petit. Les deux filles sont plus gâtées car elles sont souvent accueillies par des proches et réussissent mieux leurs études. La fille ainée malgré ses dix ans aide quand même sa mère dans les tâches ménagères sans se plaindre. ses petites mains portent les traces de misère d'une fille qui fait la vaisselle le soir sous la lune d'une nuit d'hiver glaciale.

La famille habite une maison qu'elle partagent avec leur oncle dont la femme veut les chasser afin de pouvoir faire une extension pour sa demeure. Comme toute femme vivant dans un quartier populaire et ayant perdu son mari, elle supporte les regards cruels des gens, les rumeurs est parfois les insultes et les agressions. Il suffit qu'elle s'arrête devant un vendeur ambulant et ils sont nombreux pour qu’il devienne son amant. L'unique soutien que cette femme a vient de jeunes du Croissant Rouge qui passent de temps à autre avec quelques dons, l'aident et donnent des cours à ses enfants.

Malgré toute cette misère, le sourire ne quitte jamais le visage de Sihem et elle ne se plaint jamais. Elle milite pour sa survie et la survie de ses pauvres enfants. Elle rêve d'une vie meilleure pour eux et elle n'espère rien d'autre que les voir grandir et réussir. Elle ne se soucie par des rides qui commencent à devenir visible malgré qu'elle n'a pas encore atteint la quarantaine.

Cette histoire est une histoire vraie d'une femme que j'ai connue et que j'ai pu jamais revisiter car elle me rappelle les injustices et la cruauté de cette vie. Pourtant, cette femme habite avec ses quatre enfants à quelques centaines de mètres du ministère des affaires sociales et du siège du gouvernement à la Kasbaa. Elle ne faisait jamais partie des plans de développement de Ben Ali qui était occupé pendant 23 ans à s'enrichir avec sa famille et ses proches. Elle vivait une misère que la politique veut cacher.

Des dizaines voire des centaines de milliers de tunisiens vivent comme Sihem la précarité, l'handicap et la maladie et subissent une mort lente et douloureuse. Malheureusement, ils n'ont pas de la place dans la politique que dans les enchères électorales.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire